Du 13 octobre au 2 novembre six membres de l’association se rendent à Bombouaka, au Centre Saint Louis Orione, lieu que nous surnommons « le paradis des Cœurs oubliés ».
De jour en jour et en fonction des connections Internet ils partagerons avec vous photos et commentaires sur les moments forts de leurs journées.
Samedi 13 octobre
Avons fait bon voyage avec la compagnie aérienne Brussels Airlines, Isabelle, Marie-Paule et Claude venant de Nantes ont retrouvés Françoise et Clémence venant elles de Toulouse à l’escale de l’aéroport de Bruxelles. Arrivés à l’aéroport de Lomé vers 16:45, Kossivi nous y attendait pour nous conduire à l’hébergement des Sœurs de la Providence Saint Paul situé à Tokoin Witti, nous remettre des Francs CFA et les réservations de car pour le transport vers Bombouaka. Pris en compte de la Mitsubishi Pagero 4×4 que Claude et Marie-Paule ont acheté à distance pour gagner désormais en autonomie lors de leurs déplacements sur le territoire.
Dimanche 14 octobre
Réveillés par le chant du coq, nous prenons notre premier petit déjeuner Africain avant de partir se promener au bord de plage. Claude et Kossivi optent pour une boisson rafraîchissante sur la plage pendant que le reste des membres s’octroient une balade dans les ruelles de Lomé. L’odeur du poisson grillé, les marchands de fruits, le bruit des klaxons, les mamans qui tressent les cheveux des petites filles nous plongent rapidement dans l’atmosphère/la culture Africaine. Je découvre les étalages du marché de Lomé tout en échangeant quelques bonnes paroles avec des femmes Togolaises.
Puis nous prenons notre premier repas du séjour sur la plage, quelque peu épicé pour mes papilles. Pour digérer, Marie Claude, Isabelle, Françoise et moi-même partons nous tremper les pieds dans l’océan où se baignent déjà plusieurs enfants. Dans l’après midi, la plage commence à se remplir, nous partons visiter le village des pêcheurs guidés par notre ami Kossivi. La fin de journée approche nous rentrons au Centre Providence Saint Paul pour une bonne nuit de sommeil avant de prendre la route demain pour le Nord de Togo : direction le centre Don Orione à Bombouaka.
Cette première journée m’a permis de faire plus ample connaissance avec Claude, Marie Paule et Isabelle. Je suis impatiente de découvrir les enfants de Don Orione et de poursuivre mon immersion au cœur de la culture Africaine/ Togolaise tout en mettant à profit nos différents projets. Mais pour le moment il est l’heure de dormir !
Clémence.
Lundi 15 octobre
Journée consacrée au transport vers le centre Saint Louis Orione objectif principal de notre association situé à Bombouaka au nord du pays et distant de 650 kms. Françoise, Isabelle et Clémence se présentent à 5h30 à la station de car, Marie-Paule et Claude à bord de leur véhicule partent un peu plus tôt, faisant escale à Sokodé Chez Yobé et Madeleine qui les attendent pour le repas du midi. Nous mettons les uns et les autres plus de treize heures pour parcourir les 610 kilomètres séparant Lomé de Bombouaka, la route est plutôt bonne hormis quelques secteurs ou les lombaires sont mises à rudes épreuves.
A bord du car quelques rares pauses de courtes durées seulement mais une ambiance à bord garantie. Les trois Yovo (blancs en Éwé) sont au fond du bus et se régalent des paysages diversifiés que propose la traversée que propose le Togo.
A bord du véhicule Claude et Marie-Paule sont confrontés à un problème de carburation. Des saletés dans le carburant affecte le bon régime du moteur et occasionne de très nombreux ratés compensés par un usage abusif de l’embrayage qui souffre mais tiendra jusqu’à bon port.
Nous arrivons tous vers 19h00 à Bombouaka, Au centre, les enfants et les adolescents nous attendent et nous entonnent d’émouvantes chansons de bienvenue. La fatigue du voyage se fait sentir et après un repas pris en commun avec les personnels de la communauté nous prenons possession de nos chambres et nous nous mettons au lit, demain est un autre jour.
Mardi 16 octobre
Retrouvailles pour certains, découverte pour d’autres. La matinée est consacrée à la visite des différents secteurs du Centre, l’administration, le pole médical, le service social, les hébergements des enfants et des adolescents en situation de handicap, les ateliers de menuiserie, de soudure et d’appareillage orthopédique etc.
Nous avons la visite d’Arsène Tindame et Martine Somoko du Rotary Club de Tandjouaré-Dapaong dont Claude est membre. Ensemble nous découvrons la réalisation en cours de quelques 355 bancs bureau supervisée par Jules le maitre d’apprentissage de l’atelier menuiserie. Ces mobiliers sont destinés équiper 4 écoles enclavées dans la brousse. C’est un projet du Rotary qui, avec la fourniture des documentations scolaires officielles Togolaise et la réhabilitation de 3 puits va permettre d’améliorer les conditions de travail de presque 1.000 élèves.
Beaucoup de temps passé avec les enfants dont les anciens biens connus, Ekwé, Wampag, Jean, Thomas, Sadjo, Douty etc. etc. au réfectoire à l’heure du repas, dans la salle de jeux et le soir participation aux devoirs de classe.
Coté matériel, l’embrayage du Pajero n’aura pas résisté au mauvais traitement infligé durant le trajet de la veille et le garagiste local le prend en charge pour remplacer le disque et nettoyer la pompe à essence.
Mercredi 17 octobre
Bonne nouvelle pour commencer la journée, le mécanicien de Dapaong nous ramène le Pajéro réparée et lavée de surcroit. La pompe à essence a été nettoyée et le disque d’embrayage changé pour un coup de 53.800 FCFA soit 82 €.
Le groupe se dissocie aujourd’hui. Isabelle, Françoise et Clémence partent rendre visite aux familles d’Aicha, Duty et Sadjo parrainés par l’intermédiaire de l’association. Décollage à 8h00 du centre avec Parfait et Maurice les sociologues c’est Richard qui conduit, direction Dapaong. En chemin nous faisons halte dans un des lycées protestants de Dapaong pour rendre visite à Duty lycéen mal voyant en classe de première année. Ce sont mes premiers pas dans un établissement scolaire. Tous les enfants sont en uniformes, ils viennent nous saluer et semblent heureux de nous voir. (C’est l’effervescence dans la cours de récréation, le bruit est la première chose qui m’interpelle, les salles de cours sont remplies de jeunes étudiants.)
Puis nous prenons le chemin des villages enclavés de la région des Savanes. Après quelques minutes, nous voilà sur les petits chemins de brousse. La beauté du paysage est incroyable, je décide de monter à l’arrière du véhicule dans la caisse du 4×4 pour profiter de la vue , de la verdure de la végétation, et du grand soleil. Nous arrivons dans les familles, La barrière de la langue nous empêche de communiquer mais heureusement Parfait est notre traducteur. Chaque famille est heureuse de l’éducation et du comportement de leurs enfants lorsqu’ils sont de retour au foyer lors des vacances scolaire. En remerciement nous rentrons avec un coq et une poule, ils vont rejoindre le poulailler du centre avant d’être un jour cuisinés…
Il est temps de prendre le chemin du retour après ces moments forts auprès des familles. Cette journée nous aura permise de faire le lien entre les enfants et leurs familles. De rendre compte des réalités et difficultés pouvant être rencontrées, mais aussi de la satisfaction des parents quant aux biens êtres des enfants au centre.
Claude et Marie-Paule quant à eux se rendent à un évènement du Rotary Club de Tandjouaré-Dapaong consistant à la remise officielle d’ordinateurs et à l’inauguration de deux terrains de sports, l’un de volley-ball et l’autre de basket au profit des élèves et enseignants du Collège de jeunes filles Mô Fant de Dapaong qui pour l’occasion ont toutes revêtus leurs tenues de sports de diverses couleurs.
Cette cérémonie s’est déroulée en présence de Monseigneur l’Evêque de Dapaong, du Préfet de Tône (qui marquera le premier pannier sur la photo) et du directeur régional de l’éducation et les membres du club.
Jeudi 18 octobre
Matinée d’échange avec les administrateurs autour de l’importance d’élaborer un projet d’établissement avec une projection des activités du centre Don Orione sur 3 ans. Un soutien sera apporté par Françoise (responsable d’un établissement ADAPEI en France) quant à la méthodologie mais préalablement, elle doit rencontrer chacun des professionnels pour établir les fiches de postes qui l’attesteront du travail effectif à ce jour.
Isabelle (infirmière en retraite) et Clémence (Infirmière fraichement diplômée) on partagé la matinée avec l’équipe infirmière. Ici l’infirmier qui exerce dans les établissements dits « de base » prend seul en charge les patients pour les pathologies simples. Un médecin intervient 2 fois/semaine pour les cas plus compliqués. Actuellement le principal motif de consultation est le paludisme.
Les enfants accueillis au centre bénéficient également de 3 petits bilans dans l’année. Mais ce qui a le plus marqué Clémence et Isabelle c’est la différence dans l’organisation du travail entre la France et ici.
Marie-Paule passe beaucoup de son temps avec les jeunes enfants en fauteuil en les promenant dans le centre, jouant avec eux sous l’apatam (photo) et le soir venu elle les aides à faire leurs devoirs scolaire.
Après midi nous partons visiter Nanipo une fillette également parrainée par l’intermédiaire de l’association. Depuis quelques mois Nanipo qui cesse l’école est en stage préliminaire d’apprentissage de couture dans une boutique face au marché de Bombouaka. Cette fillette à eu un parcourt très difficile, son papa s’est suicidé il y a 4ans et sa maman est décédée l’an passée suite à l’infection d’un abcès persistant à la jambe. Nanipo dont le handicap s’est fortement amélioré vie désormais avec son grand frère dans la soukala familiale elle est toujours suivie en externe par le centre.
Nous nous rendons ensuite à Dapaong au « Fablab-Ortholab » réalisé dans l’enceinte du C.R.E.T.F.P. (Collège Régionale d’Enseignement Technique et de Formation Professionnel) en partenariat avec l’association locale JUMP Lab’Orione. Afo et Jacques font découvrir à Isabelle, Françoise et Clémence le grand projet visant à apporter au nord Togo des technologies modernes. Grace à l’OrthoLab de notre partenaire Belge Roberto de HP&O. qui avec des imprimantes 3D réalise des prothèses mettant ainsi «Le numérique libre au service de la jeunesse et pour réduire le handicap au nord Togo.»
Vendredi 19 octobre
Visite aujourd’hui au Centre Saint Louis Orione à Bombouaka de deux superviseurs venant d’Italie, les pères Fernando Fornerod et Laureano Red Mérino accompagnés du père Jean Baptiste Dzankani Directeur de la Province Notre Dame d’Afrique en Cote d’Ivoire. Lors d’un entretien personnalisé nous avons pu leur présenter l’association, ses actions passées, présentes et à venir au sein du centre mais aussi dans la région des savanes dans le domaine de l’éducation par l’apport des NTIC (13 salles informatiques de 20 ordinateurs dans les lycées environnants). Nous leur avons exposé notre vision en matière d’apport des nouvelles technologies, principalement notre partenariat avec JUMP Lab’Orione et HP&O avec la production de prothèses à l’aide d’imprimantes 3D permettant d’équiper les handicapés les plus démunis. Ce projet, salué par ces personnes faisant autorité sera prochainement présenté et documenté auprès du provincial afin d’envisager la mise en place d’une coopération et implication de l’atelier orthopédique du centre.
Dans l’après midi distribution aux plus petits d’une partie des sacs faisant office de cartables provenant de la collecte organisée par Isabelle et Monique, le reste se trouvant dans le container envoyé avec GAIA qui arrivera en fin de mois. Puis les adolescents du foyer père Sébastien se sont initié au ping-pong avec les quelques éléments confiés pour le week-end avant la prochaine remise officielle des 250 balles, 30 raquettes les filets, panneaux de score etc. offerts par l’association sportive des retraités de La Roche sur Yon.
Samedi 20 octobre
Immersion dans le pays Moba durant deux jours. Nous sommes attendus au village de Nok, sur la montagne surplombant la vallée de Nano pour officialiser une action visant à soutenir 60 enfants vulnérables privés de rentrée scolaire parce que leurs parents ou tuteurs sont dans l’incapacité de payer l’écolage dont le montant s’élève à 2.000 FCFA /an (3€) pour le primaire et 10.000 FCFA (15 €) de la 6ème à la terminale.
Dominique et Monique, deux adhérentes à YovoTogo avaient eu l’initiative de lancer une collecte dans leur cercle familial et amical en vue d’aider des écoliers de la région de Tandjouaré Dapaong au Togo rendant ainsi cette action possible.
Le village de Nok situé sur les hauteurs de la plaine de Nano est particulièrement enclavé et les villageois vivent essentiellement grâce à l’agriculture et l’élevage de subsistance. Mikabini KOULBEME un jeune du village engagé à aider ses semblables et Arsène TINDAME du Rotary Club de Tandjouaré-Dapaong ont à leur demande répertorié 60 enfants qui finalement ont participés à la rentrée scolaire 2018. La liste consensuelle de ces 60 enfants a été établie avec la participation des chefs traditionnels du village. Pour préserver l’implication des parents YovoTogo finance les 2/3 de la somme nécessaire en leur laissant la responsabilité du tiers restant.
Le reste de la collecte a permis d’acheter sur place des manuels et du matériel pour les instituteurs volontaires afin de les aider dans leur tache difficile.
Ce sont des volontaires du village qui reconstruisent tous les ans les paillottes faisant office de classe de l’EPP (Ecole Publique Primaire) et du CEGIL (Collège d’Enseignement Général d’Initiative Locale) de Nok.
Après une cérémonie très émouvante nous avons partagés un repas avec les chefs de village, responsables d’éducation avant de rejoindre la soukala (habitation traditionnelle Moba) que Mikabini nous a mis à disposition pour la nuit.
Dimanche 21 octobre
Après notre nuit « au bout du monde »dans une soukala, petit déplacement pour ceux qui le souhaitent pour voir le lever du soleil sur la savane – Magnifique mais moins que le coucher de soleil de la veille au soir.
Puis visite des grottes de Nok qui ont servi d’habitations pendant les guerres entre tribus puis pour échapper à un triste sort durant la longue période de l’esclavagisme. Ces habitations troglodytes pourraient faire penser aux Eyzies. Notre guide nous a bien proposé de remonter la falaise tout comme lui par des arbres mais personne ne s’y est risqué.
Nous redescendons en fin de matinée sur Nano ou nous sommes attendus chez Arsène pour le repas de midi que nous partagerons avec un membre du Rotary Club de Kara et des responsables d’éducations des lycées de Kpanzinde et Landa dans chacun desquels nous mettrons en place le mois prochain une salle informatique de 20 ordinateurs reconditionnés avec le système d’exploitation Emmabuntüs et l’environnement de logiciels libres et éducatifs ainsi que la base Wikipédia intégrée. Nous joignons l’utile à l’agréable en échangeant les informations relatives à la préparation de ces salles et surtout la mise en place de gardes fous destinée à rendre le projet pérenne comme il l’est dans la majeure partie des 13 autres salles réalisées jusqu’à aujourd’hui.
Nous rentrons ensuite à Bombouaka pour accueillir Jean Marie arrivé à Lomé la veille et qui vient de traverser le pays en car pour nous rejoindre.
Lundi 22 octobre
C’est avec quelques jours de décalage que je rejoins l’équipe YovoTogo au centre Don Orione. Après un long voyage à travers les magnifiques paysages du Togo… Dès le lendemain je rencontre l’équipe d’apprentis de l’atelier soudure et Maxime l’encadrant avec lequel nous préparions le projet « artistique à distance ». Ravis de se rencontrer, tout le monde écoute avec intérêt le déroulement du travail, il s’agit de réfléchir sur la façon d’assembler un villageois sur son vélo… Avec des morceaux, des pièces de ferraille de récupération. Au départ cela leur semble compliqué à entreprendre. Il s’agit de perdre les règles qu’ils connaissent au quotidien et de « lâcher prise » pour ce travail. Au fur et à mesure de l’avancée de la sculpture, les jeunes soudeurs se prennent au jeu et une dynamique de groupe s’est crée. Il cherche, il coupe, il soude et notre personnage « s’élève » et prends vie…
Maxime est maintenant en train de réfléchir pour intégrer un module créatif à certains moments… car il permet à ses apprentis de s’exprimer individuellement et d’être valorisé à travers leur propre création…
Le travail va se poursuivre pendant mon séjour au centre et nous découvrirons et apprendrons encore ensemble des techniques et des méthodes de réflexion autour de la construction et l’assemblage d’œuvres pour que chacun puisse agrémenter son quotidien et s’enrichisse d’expérience nouvelle et trouve son identité.
Rassemblement des enfants et adolescents handicapés après le repas afin d’effectuer l’intervention sur l’hygiène bucco-dentaire. En amont, un diaporama avait été préparé en France afin d’avoir un support visuel. Isabelle et sœur Odette sont présentes afin de me soutenir et d’enrichir l’intervention. Un petit rappel sur l’hygiène et le lavage des mains est mis en avant. Tout le monde semble réceptif et de nombreuses questions émergent à la fin de l’intervention. Sœur Odette reformule en langue Moba. Les enfants semblent avoir assimilés les interventions des années précédentes, on constate que plusieurs possèdent une brosse à dent et prennent soin de réaliser l’hygiène bucco-dentaire. Cependant, tous n’en possèdent pas mais on leur rappel que du dentifrice et un brossage à l’aide du doigt est toujours mieux qu’aucune hygiène. Le dentifrice apporté par Isabelle sera remis au délégué des adolescents afin qu’il puisse les distribuer aux enfants. Jeudi soir aura lieu l’intervention sur le thème du VIH/sida auprès des adolescents du centre.
Merci à Isabelle pour son soutien et son aide durant l’intervention.
Clémence
Mardi 23 octobre
Deux jours de pur tourisme en immersion au KOUTAMMAKOU le pays des Batammariba « ceux qui façonnent la terre ». Une région frontalière avec le Bénin située à 150 kilomètres de Bombouaka environ et au nord-est de Kandé. Nous avons rendez vous avec Sami Nestor un guide au sourire impassible contacté préalablement depuis la France sur Facebook. En chemin nous faisons une visite surprise à Théophile un ancien du centre Don Orione qui s’est installé à BARKOISSI dans une boutique ou il dispense des cours d’informatique aux jeunes de son village. Il est en passe de déménager dans un local beaucoup plus grand prêt à recevoir les 20 ordinateurs que YovoTogo lui fournir pour son nouveau projet de formation des élèves des collèges et lycées voisins.
Le KOUTAMMAKOU est un paysage culturel vivant qui illustre particulièrement bien les traits culturels des groupes ethniques de la région du Sahel qui, avides d’indépendance et de liberté n’ont jamais été assimilés ou asservis par les royaumes qui se sont développés dans la région jusqu’au 19em siècle. Le KOUTAMMAKOU possède une caractéristique toute particulière : la Takienta, maison familiale de base ressemblant à un petit château. Sami Nestor nous mènera à Jacques un véritable autochtone qui est guide officiel du musée historique local de cette région inscrite depuis 2003 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Tour à tour en nous présentant des objets, des vêtements, des armes de parade Jacques nous parle avec passion et conviction de l’histoire de son peuple, de ses ancêtres, d’une population attachée à l’équité et à l’autosuffisance de chacun en constante recherche d’équilibre. Il nous parlera de l’organisation sociale des Batammariba basée sur le système de croyance qualifié d’« animiste ». Dans ses propos et attitudes Jacques se laisse aller à un comportement à des attitudes mystiques lorsqu’il aborde le fondement culturel de son peuple, un système cérémonial exceptionnellement préservé au Togo qui se manifeste principalement au travers des rites funéraires et initiatiques.
Nous nous retrouverons tous, Sami Nestor et Jacques y compris dans un maki proche autour d’une boisson bien fraiche prolonger cette découverte avec souvent beaucoup d’humour surtout lorsque nous aborderons l’aspect couple puisque la tradition ici est d’avoir plusieurs femmes et même une maitresse. Le soleil se couche laissant place à la pleine lune, nos éclats de rires résonnent dans la savanne…
Mercredi 24 octobre
Nous avons passé la nuit dans un gîte tenu par une congrégation religieuse dans l’enceinte d’un orphelinat de jeunes filles. Les chambres sont confortables et climatisées et la cuisine est bonne. Il fait très très chaud car la région est entourée de montagne et nous trouvons dans une grande cuvette pratiquement sans air.
Au matin Sami Nestor nous emmène visiter le marché de Nadoba ou tout se côtoie, les fripes, les légumes, les voyants ou guérisseurs, les volailles etc. chacun à son carré couvert d’une paillote et la prise de vue est compliquée car les habitants n’apprécient guère que l’on les photographie. Nous suivrons donc les indications de notre guide qui gentiment négociera quelques photos pour nous.
Après le repas de midi nous reprenons la route vers le nord avec une pause à Mango ou nous visitons l’orphelinat tenu par Kodjovi et sa famille. Un établissement assurant des formations de couture, boulangerie et coiffure et que nous avons équipé en 2017 d’une salle informatique ajoutant cette discipline à la liste des formations.
A notre arrivée à Bombouaka, avant la tombée de la nuit une bonne douche aura raison de la fatigue de la route par endroit en très mauvais état et de la poussière accumulée sur notre corps et dans les cheveux.
Merci à Richard qui nous a accompagnés avec un deuxième véhicule du centre et qui mets à notre disposition ses connaissances et habitudes locales.
Photo ci-dessous : un jeune homme et une jeune fille prête à passer à l’âge adulte et arborant des coiffes initiatiques.
Jeudi 25 octobre
– Du coté de Françoise, ses entretiens individuels avec chacun des professionnels lui a permis de soumettre lors d’une nouvelle rencontre avec le Conseil d’Administration des axes d’amélioration dans les différents services dans une perspective d’améliorer l’accompagnement des personnes accueillis au centre (organisation du travail, mise en place d’outils de communication et d’évaluation). Les échanges très riches vont permettre un questionnement des pratiques qui devrait redonner sens à leur travail.
– Marie-Paule et Claude partent sur Dapaong pour des contacts concernant le FabLab et rencontrer Afo qui en paramétrant leur androïde avec une connexion partagée leur permet désormais de capter internet avec l’ordinateur portable par l’intermédiaire du téléphone. Quelques courses sur le marché en prévision de la soirée de samedi avec les adolescents.
Vendredi 26 octobre
Rencontre matinale avec Cyril Douti BINGOLI secrétaire de l’association ASPHATA (Association des Personnes Handicapés de Tandjouaré) qui compte 63 membres et dont le siège se trouve à coté de l’Hôpital de Bombouaka. Nous leur avions promis deux ordinateurs qu’ils recevront en novembre pour équiper leur bureau. Cette association va nous aider à recenser les personnes susceptibles d’être équipés de prothèse par l’intermédiaire de l’Ortholab de HP&O et d’établir un fichier contenant une liste d’attente et un dossier photos pouvant renseigner l’orthoprothésiste partenaire Belge Roberto.
Une réunion sera prochainement organisée entre YovoTogo, ASPHATA et les associations APHMOTO (Association des Personnes Handicapées Motivées de Tône) située à Dapaong, KPAAL N’PAAK (traduction Moba – épanouissement du paysan) de Cinkassé et ASPHAK (Association des Personnes Handicapés du Kpenjal) de Mondouri.
Ces quatre associations couvrant l’ensemble de la région des savanes il devrait nous être aisé de sélectionner dès 2019 les handicapés les plus nécessiteux susceptibles de bénéficier de prothèses réalisées à moindre cout grâce aux technologies additives des imprimantes 3D installées au CRETFP de Dapaong.
Dès 14h00 nous nous rendons à la pédiatrie St Joseph de Bogou pour une simple visite amicale. Nous affectionnons particulièrement cet hôpital pour enfant qui fait un travail remarquable avec à ses reines des sœurs italiennes dynamiques. Les travaux de construction de la future maternité viennent juste de commencer. Ils sont financés par La fondation Manos Unidas. Cet hôpital pédiatrique localisé dans la préfecture de Tandjouaré au Togo reçoit des cas de toute la région des savanes (857 km2). Il reçoit également les malades venant des localités de l’ouest du Ghana. La population desservie est d’environ 200 000 habitants. Les travaux de construction doivent durer 6 mois et l’équipement de cette maternité est pris en charge par le Rotary International et fait l’objet du GG1981111 dans l’axe stratégique « Santé de la mère et de l’enfant » entre le RC Québec 7790 et le RC Tandjouaré-Dapaong 9102.
En fin de journée les femmes ont pris l’habitude d’aller aider les jeunes du petit Cottolengo dans leurs devoirs et inutile de vous préciser qu’elles y sont attendu…
Samedi 27 octobre
Journée à Dapaong
Nous prenons en charge Emilie et Marie-Jo (parrainées par l’intermédiaire de l’association) au Collège Mô-Fant de Dapaong ou elles sont en internat pour une ballade essentiellement sur le marché de la ville. Comme chaque année c’est l’occasion de leur faire quelques achats dans le but d’améliorer leur ordinaire. Cette fois-ci nous leur remettons une somme d’argent que nous leur laissons gérer, ainsi elles nous mènerons de boutique en boutique, d’étal en étal ou elles achètent, produits de toilette, d’entretient, provision de légumes, de gari, des seaux et autres ustensiles…
Jean-Marie et Claude franchirons le pas de gouter des chenilles frites sous le regard amusé des commerçantes. Bon, faut aimer et apprécier des vertus nourricières sensées apporter car franchement, selon eux gustativement c’est loin d’être ça …
Rendez vous au maki ensuite pour le repas du midi, nous sommes rejoint par Afo le Fablab manager de JUMP Lab’Orione accompagné de son fils de 3 ans. Nous sommes ensuite rejoints le temps d’une photo de groupe par la maman d’Emilie et son oncle de passage dans le secteur. Il y a du monde ce jour de marché et le service est long. Nous mettons à profit l’attente pour échanger avec les jeunes filles que nous raccompagnons ensuite au collège.
Ensuite direction « l’Hôpital d’Enfants Yendube » tenu par les « Sœurs Hospitalières ». La directrice de l’établissement nous reçoit et consent à nous faire la visite guidée de son établissement ou de nombreux enfants sont hospitalisés.
De retour à Bombouaka nous partageons la soirée avec les jeunes adolescents du foyer père Sébastien qui nous ont préparé le repas avec les victuailles que nous leur avons fourni selon une liste établie par eux. Une soirée très sympathique et chaleureuse qui se poursuivra par le traditionnel « bal poussière » orchestré par Isaac le DJ de la soirée.
Dimanche 28 octobre
Matinée « sport » avec les jeunes en situation de handicap du Foyer père Sébastien du Centre Saint Louis Orione de Bombouaka : remise d’une table de ping-pong par l’association en complément du matériel de tennis de table, raquettes, balles, filets, panneaux de scores et des vêtements de sport collecté et offert par la section Ping-pong de l’A.S.R.Y. (Association Sportive des Retraités Yonnais) de La Roche sur Yon et de 15 maillots de football offert par l’IME des Terres Noires à la Roche sur Yon 85.
L’après midi est consacrée aux Femmes Leaders de Tandjouaré (AFL-Tan). Ces femmes regroupent leur énergie pour collecter des fonds afin de pouvoir financer des micro-crédits. En groupe elles fabriquent de la moutarde de néré et su savon liquide. Leur principal revenu est la cotisation de 2.000 FCFA/mois soit 3,05 € et les intérêts des prêts. Ces prêts, sur 3 mois renouvelables dès qu’ils sont remboursés servent principalement à la santé, à la scolarisation des enfants et au démarrage d’une activité génératrice de revenu. Marie Paule qui fait partie de ce groupe depuis plusieurs années a été rejoint cette année par Françoise, Clémence et Isabelle.
Une information sur l’hygiène féminine et les pansements au miel a suscité beaucoup d’attention. L’après midi a aussi été l’occasion de danser et de partager des spécialités Togolaises accompagnées de Tchapalo.
Lundi 29 octobre
Très tôt nous avons rendez vous avec Georges MOUTORE secrétaire général de l’OCDI (Organisation de la Charité pour un Développement Intégral) Caritas Togo de Dapaong et comme depuis plusieurs années nous lui remettons une collecte de près de 2.000 lunettes qui seront calibrées, répertoriées et reconditionnées pour les plus démunis par César BOUKONTI le technicien de l’atelier Optique « Route de la lumière » à l’hôpital de DAPAONG.
Aujourd’hui dernière visite en famille d’enfants en situation de handicap suivis par le centre. Nous nous rendons chez Christine et chez Merveille.
Christine a été consultée pour la première fois le 4 mai 2016 au centre. De cette consultation il est ressorti qu’elle souffre d’une tétraplégie et d’un décubitus latéral. C’est une fille très intelligente malgré sa déficience, elle est actuellement dans le collège d’initiative locale de son village. Elle n’arrive pas à s’assoir, le centre lui a trouvé un fauteuil plus ou moins adapté à sa déficience pour lui permettre de continuer les classes. C’est une fille très gentille, mais qui a besoin d’une assistance à vie car elle n’a pas la capacité de faire les activités de la vie quotidienne. Néanmoins elle s’exprime correctement et refuse obstinément de réintégrer le centre préférant vivre auprès de sa famille. C’est une situation très compliquée à gérer pour tous aussi bien la famille que le centre qui la suit.
Merveille était atteinte de Pieds Equin Bilatéral congénital comme handicap. Elle avait dans un premier temps bénéficié de corrections plâtrées successives puis opérée lors d’une mission de chirurgie orthopédique et plastique des médecins organisée par le Centre « Saint Louis Orione» en 2008. Accueillie à l’internat « Village Padre Pio » du Centre en octobre 2012 pour une meilleure prise en charge de sa scolarisation aujourd’hui, âgée de 11 ans elle marche presque normalement et fréquente le collège sans difficulté.
Mardi 30 octobre
Le projet d’assemblage, soudure, peinture et finitions étant terminé, ce matin vers 8h00 les jeunes de l’atelier soudure s’empressent à ramener leur « œuvre » sur l’emplacement prévu au centre Don Orione. Auparavant ils chargent du sable rouge dans une charrette qu’ils étalement ensuite pour y installer leur travaux.
Les créations sont baptisées à l’unanimité « Retour des champs ». Un villageois sur son vélo, un autre debout et un petit animal imaginaire constituent cette scène originale…
Enfin chacun à tour de rôle ou en groupe s’empressent de poser auprès de leurs créations pour se faire prendre en photo.
C’est un grand retour positif, les jeunes soudeurs et Maxime me remercient par des dessins et des mots qui pour la plupart d’entre eux sont porteur de joie et de sentiments de valorisation d’avoir appris à « faire » et « découvrir » de nouvelles choses.
Ils l’ont dit : le projet de création doit continuer et j’ai également beaucoup appris de leur façon de vivre et de travailler quotidiennement avec les moyens qui sont les leurs…
Pendant ce temps…
Après avoir finalisé les entretiens en vue d’élaborer les fiches de poste, une dernière rencontre avec le personnel de l’infirmerie et les kinésithérapeutes pour présenter une proposition d’organisation de travail a été appréciée. Cette dernière permettrait d’assurer une présence en continu sur le centre, un meilleur suivi des personnes accueillies et l’optimisation de leur accompagnement.
Puis c’est avec le père Pierre qu’un échange sur le fonctionnement du centre (organisation du travail, management, enfants du Cottolengo, sécurité etc.) et les pistes d’amélioration a permis de révéler la nécessité et l’ambition de changer de pratique.
Mercredi 1er novembre
Voyage aujourd’hui vers Lomé d’où Isabelle, Françoise, Clémence et Jean Marie décollerons vendredi soir pour rentrer en France. Claude et Marie-Paule resterons encore un mois pour finaliser les projets extérieurs au centre Don Orione, réception et acheminement du matériel actuellement au port de Lomé en vue de la réalisation de plusieurs salles informatiques, d’un atelier couture et d’un atelier documentation au Fablab de Dapaong avec nos partenaires JUMP Lab’Orione etc.
Nous quittons Bombouaka à 6h30 par un bus de la compagnie E.tra.B au confort plus que sommaire, nous mettrons un peu plus de 10 heures à traverser tout le pays, heureux spectateurs des paysages variés qu’offre le Togo.
Notre ami Kossivi nous attends à la gare d’arrivée avec 2 taxis pour nous conduire à notre hébergement situé dans le quartier Tokoin-Witti.
Jeudi 2 novembre
Journée détente à Agbodrafo, un village coincé entre la route et le lac Togo. Avons embarqué le matin dans une pirogue pour un aller-retour à Togoville à travers les filets de pêcheurs croisant les allez et venus des trafiquants d’essence provenant du Nigéria. Avons longé la « forêt sacrée », interdite aux étrangers. Ce bois est le domaine réservé des animistes. Nous avons pris le repas du midi presque les pieds dans l’eau à l’ombre des palmiers en compagnie d’Elias et Kossivi nos amis et guides.
Visite l’après midi de « La Maison des esclaves – Wood Home – Le puits des enchaînés » Agbodrafo ou Porto Seguro a été au cœur de la traite des esclaves qui sévit tout le long du golfe du Bénin du XVIIe au XIXe siècle.
Au soir nous nous sommes rendu sur la plage de Lomé pour y manger au rythme de la musique Africaine.
Au revoir Togo
vendredi 3 novembre
Une ballade sur le marché de Lomé le matin, à midi repas pris en commun avec le père Alain Kini responsable du centre Don Orione qui de retour d’un séminaire en Côte d’Ivoire est de passage à Lomé. Cette rencontre a permis de faire une restitution du travail accompli sur le centre. Une prise de conscience de l’ensemble du personnel sur les faiblesses du fonctionnement, constitue aujourd’hui uen force et une volonté de vouloir améliorer l’accompagnement des personnes en situation de handicap. C’est sur cette perspective positive et constructive que nous avons mis un terme à notre séjour.
Une dernière boisson fraiche sur la plage l’après midi et c’est la fin du séjour pour Isabelle, Françoise, Clémence et Jean Marie. Enfin c’est ce qu’ils croyaient jusqu’à l’aéroport où ils apprendront l’annulation pour raisons techniques de leur vol. Ils seront alors transférés dans l’un des plus beaux hôtels de Lomé, tous frais payés par la compagnie aérienne comme il se doit en pareil cas. Ils partiront en fait le lendemain, samedi en fin d’après midi.
Ce même samedi Marie Paule et Claude repartent vers le nord en voiture avec le père Alain KINI et se feront déposer à Sokodé chez leurs amis Yobé et Madeleine ou ils passeront plusieurs journées avant de rejoindre Dapaong d’où ils devront organiser le transport et réceptionner les 7 m3 de matériels envoyés, de l’informatique, du cuir, des collectes de dons, des photocopieurs etc. Trois inaugurations de salles informatiques de 20 ordinateurs chacune sont prévues ainsi que le démarrage d’un atelier couture – broderie et d’un atelier de documentation. Ils rendront compte de ces actions à venir sur la page Actualités du site.
L’ensemble des membres participant ont trouvé beaucoup de partage dans ce séjour solidaire, le Togolais est très accueillant, hospitalier, ouvert et spontané.