Du 10 au 31 octobre six membres de l’association se rendent à Bombouaka, au Centre Saint Louis Orione, lieu que nous surnommons « le paradis des Cœurs oubliés ».
De jour en jour et en fonction des connections Internet ils partagerons avec vous photos et commentaires sur les moments forts de leurs journées.
Samedi 10
Bonne arrivée disent les Togolais, bien arrivés dirons nous !
Très bon vol malgré un retard de décollage occasionné par un passager qui a eu un malaise nécessitant l’intervention des pompiers.
Beau spectacle derrière les hublots avec cet alignement de nuages en rangs réguliers faisant penser à un champ de nuages nous invitant tous les six à semer dans ses sillons les graines d’amour, de solidarité, de partage et de paix afin qu’elles donnent du fruits.
Notre trajectoire parallèle à ces sillons semble indiquer que nous sommes dans tous les sens du terme, sur… le bon chemin.
Alain nous attends à l’aéroport il fait 28 ° et nous passons notre première nuit dans un hébergement des PSP (Providence St Paul) avant notre premier repas dans un maquis nommé « le bon coin »
Dimanche 11
Journée consacré à une visite de Lomé sous un puissant soleil qui nous force à l’adaptation.
Au matin promenade au marché, hormis sa réelle dimension locale on pourrait l’appeler marché international car on y retrouve des vendeurs burkinabés, Ghanéens, Béninois, Nigériens, Ivoiriens etc.
En son centre se trouve la cathédrale d’où s’échappent les rythmes et les hymnes de l’office dominicale. Les senteurs subtiles se mélangent à des odeurs plus agressives. Une formation ou une révision sur le marchandage s’impose et Alain se fait un plaisir de nous la dispenser.
Après une visite des abords de l’impressionnant port de commerce, nous profitons de la plage en nous installant à la table d’une des nombreuses paillottes la longeant. Nous profitons ainsi de la vue sur le Golfe de Guinée, de la musique Africaine et du couché de soleil… Elle est pas belle la vie ?
Au soir nous soupons dans un maquis, installés au bord de la rue et nous dégustons le traditionnel Fufu accompagné de mouton baignant dans une sauce épicé.
Lundi 12
Changement de programme ! Organiser un programme depuis la France avec des contacts préliminaires aux consulats ne suffit pas à se garantir du bon déroulement du planning prévisionnel. Si on n’aime pas les imprévus ont va pas en Afrique. Nous sommes dès 8 heures au Consulat du Bénin à Lomé pour obtenir un visa de 3 jours comme prévu mais c’est sans compter que l’on a oublié de nous dire au tél que le consul étant décédé dernièrement, le vice consul ne passait signer les visas que le vendredi de chaque semaine … C’est ballot ça ! De ce fait la secrétaire Principale consciente de la gène occasionnée fait le nécessaire pour que nous puissions reporter notre visite en fin de voyage les 27, 28, 29. Ce changement est en fait beaucoup plus contraignant pour Alain et aussi Félicien qui lui nous attendait à la frontière.
Nous partirons donc pour Bombouaka demain et occupons notre après midi à réserver les places dans une ligne d’autocar Lomé Dapaong pour 4 d’entre nous, Lucile et Claude voyagerons avec Alain. Passage en banque également pour effectuer du change et visite à Manu, l’ancien responsable adjoint du Centre Don Orione qui est désormais affecté à Lomé. Beaucoup de rires, de souvenirs de nos derniers séjours, faisons connaissance de Benjamin d’un humour égal.
Mardi 13
Très tôt avant le lever du soleil nous prenons donc la direction de Bombouaka distant de 640 kms après avoir déposé Chantal, Marie Paule, James et Eric à la compagnie des cars avec une bonne partie des pesants bagages.
Il fait très beau, très chaud et la clim à du mal à fournir. La route refaite par endroit comporte encore de grandes parties difficiles et des déviations qui nous faire passer dans des petits villages enfouis dans des décors verdoyants.
En chemin Alain fait ses courses, chaque localité que nous traversons à sa spécialité et ici le Drive existe depuis longtemps. Au fil des arrêts nous achetons Ignames, oranges, mangues, melons, bananes plantain et bananes douce etc. Plus nous avançons et plus l’espace vital de Lucile assise derrière se restreins. Lucile ! dit Alain, encore une place pour un p’tit sac ?
A midi nous nous arrêtons à Sokodé pour manger je prends un Fufu poulet sauce sésame… Ca pique ! Le car, moins sensible à l’état de la route et conduit par un chauffeur aguerri en profite pour nous rattrape et nous doubler.
Nous nous retrouvons presque ensemble à Bombouaka, au Centre qui est le cœur de nos actions. Moment très émouvant que ces retrouvailles. Tous ces visages qui réapparaissent après un an d’absence, Adam, Parfait, Cécile, Dieudonné, Barthélémy, Michel etc. et surtout les enfants qui nous reconnaissent et dont certains sautent dans nos bras. Le temps des présentations et les mêmes questions fusent : et la santé ? et le voyage ? et la fatigue ? et la famille ? et Carine ? et Françoise ? et Alex ? et Laura ? et le pays et les activités ? etc. etc.
Les prêtres cette année nous ont cédés leurs chambres et ont déménagé provisoirement à l’internat Maman Margueritte, nous sommes extrêmement touché par ce geste. De ce fait nous sommes dans la partie qui sert de postopératoire aux patients opérés tout dernièrement la mission chirurgicale de l’ONG Oasis. Les mamans des enfants opérés se jettent sur nos bagages pour nous les porter.
On est à peine arrivé que l’on se sent déjà chez nous, comme le dit le proverbe Togolais « La case d’un ami n’est jamais trop loin ».
Mercredi 14
La journée commence par les salutations aux personnels du centre à travers la visite de ses différentes structures, le secrétariat, la rééducation, l’atelier d’orthopédie, l’atelier de menuiserie et de soudure puis le bloc opératoire dont les pièces annexes sont occupées par le laboratoire naissant. Le bloc n’étant utilisé qu’à deux reprises dans l’année par les missions Espagnoles. Un service de radiologie (de contrôle) doit démarrer prochainement. Le laboratoire et la radiologie permettront à terme d’éviter de nombreux déplacements coûteux et inconfortables bien souvent pour les patients. Les patients, majoritairement des enfants opérés par la récente mission vont et viennent accompagnés des mamans.
Ensuite une tournée de salutations aux autorités locales, YovoTogo est désormais connue et reconnue et ainsi notre venue nous amène à être reçus par Joseph SAMBIANI Chef traditionnel du canton de Bombouaka, puis par l’Evêque de Dapaong, Monseigneur Jacques ANYLUNDA (voir photo). Ensuite, alors que certains profitent d’une connexion internet dans une cyber-boutique, d’autres découvrent le marché de Dapaong qui se traduit du Moba par « nouveau marché ».
Nous sommes attendus sur le coup de midi chez Arsène et Martine, membres du Rotary-Club Tandjouaré-Dapaong dont un familier résidant vers Nantes nous avait confié un cadeau à l’intention de leur fille.
Dans l’après midi nous sommes également reçus par le Préfet de Tandjouaré, Monsieur Prosper KOLANILAMBONI F. qui s’assurera qu’un des meilleurs accueils nous soit réservé lors de notre toute prochaine visite programmée aux grottes de Nok.
Tous ces rendez-vous se font sans aucun protocole, de façon très amicale et toujours ponctuées d’humour tel l’Évêque qui dira en actionnant l’interrupteur du ventilateur de plafond « je démarre le vent des blancs » précisant que nous en étions les inventeurs. Le Togo est vraiment « le sourire de l’Afrique ».
De retour au centre certains se reposent, d’autres vont voir les enfants, d’autres encore rendent visite à Barthelemy (de l’orthopédie) et sa famille qui habitent en face du centre et enfin Lucile entretient sa forme par un footing sur les pistes des alentours
Le ciel est noir et très étoilé, quelques derniers cris d’oiseaux fragmentent le silence, la température baisse, il fait nuit et nous avons tous passé une très très belle journée.
Jeudi 15
Journée dons de soi à nos petits amis
Notre journée commence de bonne heure puisque dès notre sortie de chambre nous partageons avec les enfants opérés des bonbons et ballons. Quel plaisir de voir le sourire sur les visages de ces enfants ayant parfois les deux jambes plâtrées mais que l’on entend peu se plaindre !! Allez pour nous une petite leçon de courage.
Dans la nuit nous avons égaré deux des nôtres qui voulant imiter les coutumes ont jugé bon de trôner, re-trôner ; heureusement le L107 de Marie-Paule a remis en place provisoirement les boyaux et un régime sans bière ( dur, dur bien évidemment pour eux ), leur a permis de ne pas rater la visite à l’hôpital pédiatrique St Joseph à Bogou.
Cet hôpital est tenu par des sœurs qui nous ont fait la gentillesse de nous le faire visiter. Beaucoup de monde !! , car en cette fin de saison de pluie, le paludisme est très présent. Pour aider aux soins notre groupe se propose de donner le sang. Cela s’est fait dans la bonne humeur, avec quelques coups de fatigue, (chut on ne balance pas) ou d’impossibilité à piquer (une 1ère pour l’infirmier qui doit mal dormir ce soir..). Le sang donné sera utilisé dans la journée tellement la demande est pressante, les bébés anémiés attendant les transfusions pour retrouver un brin de vie. Mais là encore, belle leçon de vie pour ce petit monde.
Vue l’attente un peu longue, nous sommes ravis de nous installer à la table de Georges au centre qui nous régale des son plats sauce et couscous.
Puis repos pendant le pic de chaleur sans doute vers 35°, il parait que vous avez un peu froid en France alors nous pensons bien à vous.
Nous finissons l’après-midi auprès des enfants du centre non scolarisés qui attendant notre passage toujours avec joie. Là encore les ballons font sensation.
Notre journée se finit autour d’un verre dans le maquis, en face du centre, sous les étoiles et les éclairs d’orage. Le peu de fraicheur est le bienvenu, mais sur la table plus de coca que de bière, ah tiens !!! les boyaux seraient-ils à nouveau tordus ?
La nuit s’annonce reposante, avec le chant des cricris et de milles oiseaux que l’on ne voit jamais…
Vendredi 16
« Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace » Alexandra David-Neel.
Le programme de la journée consiste à rendre visite dans la savane à des familles ou à des jeunes vivant en situation de handicap, comme à l’accoutumé le centre n’annonce pas ses visites. Nous nous rendons à Pligou, Mandiaré, Bakoissi, Galangachi et enfin Mango situé à la limite inférieure de la région des savanes sur la Préfecture de l’Oti.
Nous rencontrons la famille de Lakalle une fillette vivant au centre. Le papa est absent et la maman et une marâtre nous accueillent, nous sommes accompagnés de Parfait, sociologue chargé de maintenir le lien entre le centre et les familles qui majoritairement ne parlent que le Moba. Il nous traduit donc les échanges toujours très chaleureux. Les familles savent depuis le temps que nous soutenons le centre et que nous portons un grand intérêt à la situation de leurs enfants handicapés.
Nous rencontrons ensuite une jeune fille qui vient de s’établir comme coiffeuse dans son petit village, elle se prénomme Bamili, elle a fréquenté le centre, y a été appareillée et dernièrement a bénéficié d’un petit prêt pour s’installer juste à coté de son frère qui est mécanicien. L’insertion sociale est un volet majeur dans les activités Don Orione et elle porte ses fruits. Théophile que nous visitons ensuite en est un exemple, il nous fait visiter sa petite boutique, un Cyber Espace nommé « le refuge » où il propose des services d’informatique, d’impression, de photocopie et de la papeterie. Nous avons connu Théophile lorsqu’il était au centre et nos retrouvailles sont émouvantes et chaleureuses.
Les visites sont entrecoupées d’une demi-heure de piste environ et notre peau commence à prendre le teint rouge de la terre, certains d’entre nous voyageant par alternance dans la caisse du Pickup. Le spectacle est grandiose, les rôniers, palmiers, Kapokiers et baobabs font déjà partie de notre environnement habituel, il fait grand soleil et la température avoisine les 37 °.
Chez Clémentine nous sommes reçus par le Chambbáa (l’ancien) et sa femme qui sont les grands parents de l’enfant, les parents étant aux champs. Manifestement très heureuse de nous voir passer sur ses terres une jeune maman portant son bébé nous avait accompagnés jusqu’à la case de la famille et prenait ensuite plaisir à confier son enfant à Lucile et Marie Paule le temps d’une photo.
Pour finir, à Mango nous retrouvons Nadia, une petite fille de 6 ans opérée l’an passé et qui est seulement en cours d’appareillage. Elle n’a jamais marché si ce n’est à l’occasion de nombreux essayages. Rendez vous est pris avec la maman et la fillette pour qu’elles viennent dès lundi procéder à la mise en place des appareils. Nadia, au centre de la photo, restera ensuite au centre afin qu’elle fréquente l’école primaire de Bombouaka qui bénéficie désormais de rampes et où elle sera transportée journellement. La famille est musulmane comme 80 % du village et il est plaisant de constater la bonne relation réciproque et la franche coopération qu’entretiennent beaucoup de ces familles avec le centre tenu par des catholiques. Loin de tout ce que l’on entend chez nous, ça nous réchauffe le cœur…
De retour à Bombouaka nous ouvrons certaines de nos valises contenant les cadeaux offerts par nos donateurs, des amis et des écoles. Les Enfants sont fous de joie, et nous aussi !
samedi 17
Embarquement pour le vol L107 à destination de Dapaong
Ce matin le Père Adam nous accompagne au marché de Dapaong. Nous faisons plus ample connaissance avec les étalages. Un peu de frustration devant la mondialisation des produits. Seuls les gars craquent devant les chiffons car ce matin ils avaient convoité la magnifique tenue de Georges notre cuisinier. Ils se choisissent de magnifiques boubous afin de s’attirer les doux regards des belles femmes. Notre photographe ira jusqu’à en racoler une soi-disant pour son exposition photo !!!!
Nous sommes ensuite invités à déjeuner chez Arsène et Martine, des Rotariens en lien avec l’association. Le repas préparé par Martine a décroché quelques étoiles par nos papilles.
Le Père Adam, avant de repartir pour Bombouaka, nous conduit à l’hôpital pédiatrique géré par la fondation de Sœur Marie Stella. Un assistant médical nous fait visiter les différents services, bondés de bébés malades, atteints principalement de paludisme et de malnutrition. Les chiffres concernant les décès sont éloquents, le mois dernier dans ce seul établissement sept petits enfants sont décédés. Cette visite nous a beaucoup touchés. Nous repartons plein de questionnements au sujet de la pauvreté en Afrique, du manque de considération de la santé par les autorités. Mais cette visite nous permet également de réaliser que nous vivons et travaillons dans de bonnes conditions et que nous bénéficions de soins médicaux de qualité. Arrêtons de nous plaindre !! Enfin un peu…
Le vol L107 nous amène ensuite vers une magnifique rencontre, «Sœur Marie Stella », qui œuvre en faveur des orphelins et des familles victimes du SIDA. Elle nous présente la fondation « Vivre dans l’Espérance » qu’elle dirige, et évoque son projet de création d’un centre de soins palliatifs. Cette belle personne nous marque par son charisme et son engagement au quotidien. N’hésitez pas à visiter son blog rattaché au magasine « Le pèlerin ».
Ce soir nous dormons dans un centre d’accueil géré par cette fondation. L’accueil est de qualité, et l’endroit bien reposant après cette journée encore bien ensoleillée.
Dimanche 18
« Prendre un enfant par la main »
Ce matin, Marie Paule et Claude se rendent au foyer « Mô Fant » à la rencontre d’Émelie leur filleule et Marie-Jo parrainée depuis peu par un groupe d’amis musiciens « les Smarty’s » de La Chaize le Vicomte. Les deux fillettes en situation de handicap sont suivies par le centre Don Orione qu’elles ont fréquenté longuement après y avoir été opérées et appareillées. Actuellement elles suivent les cours du collège de Dapaong, Mô Fant signifie en Moba « épanouissement de la femme ». Émelie est parrainée depuis la création de l’association, d’ailleurs c’est elle qui figure sur le logo de YovoTogo. Elle est très mature, joviale et studieuse. Elle désire étudier jusqu’à son baccalauréat et il est prévu que dès l’obtention de son diplôme elle viendra en France pour une période de vacances estivale.
Pendant qu’ensemble ils se promènent dans le quartier du foyer le reste du groupe visite les deux orphelinats tenus par la Sœur Marie Stella. En tout plus de 130 enfants dont les parents sont décédés du SIDA et qui en sont même atteints eux-mêmes pour certains. Marie Stella est à la tête de l’Association « Vivre dans l’Espérance » qui gère également un réseau de familles d’accueil ou vivent presque milles autres enfants. Cette femme est un prodige et par sa foi elle parvient à réintégrer dans la vie locale ces enfants marqués du sceau du destin. N’oublions pas qu’ici le SIDA est encore tabou et entraine le rejet.
Ensuite les deux groupes se rejoignent dans un bar. Lorsque nous demandons à Émelie ce dont elle a besoin en vu de lui offrir dans la semaine, elle répond : un dictionnaire, des feuilles de papier, de la colle, des bristols, des ciseaux, des crayons de couleur, une chaussure pour quant il pleut, du savon et de la lessive. Ici il n’est pas question de la dernière console à la mode…
Chantal qui fait partie du groupe « Smarty’s » et James font connaissance avec Marie-Jo. Les deux fillettes sont amies depuis longue date et très complices aussi. Nous les raccompagnons ensuite au foyer avant d’être pris en charge par Arsène et Martin qui nous conduisent chez Yobé, Rotarien qui supervise ici le projet d’ordinateurs. Nous sommes invités à déjeuner, au menu du fufu avec une excellente sauce arachide accompagnant de la pintade grillée. Il y a des rires, des sourires, des enfants, de la musique, de la couleur et de la chaleur… Un beau dimanche dans les savanes comme en témoigne cette photo souvenir.
Nos hôtes nous raccompagnent ensuite à Bombouaka ou nous prendrons un dernier verre dans le bar nommé « petit à petit l’oiseau fait son nid » face au centre et de l’autre coté du goudron. Quelques histoires drôles encore quelques rires puis des embrassades, nous nous séparons alors que le soleil lui, rejoint l’horizon. Encore une bien belle journée !
Lundi 19
Être le miracle de l’autre…
Aujourd’hui, profitant de la douceur matinale, James et Claude se rendent à 6h00 au foyer Maman Marguerite pour en réaliser les plans. Ce lieu paisible en haut d’une colline est le centre initial démarré vers 1975 par Marguerite Oré, une vendéenne native de Chauché qui a été amené à vivre neufs ans dans cette région. Ce lieu a un besoin urgent d’être rénové et les responsables du Centre désirent le réhabiliter en maison de repos et lieu d’hébergement destinés aux coopérants-volontaires de plus en plus nombreux à soutenir les populations de la région que ce soit des chirurgiens, médecins, prothésistes, associations caritatives ou simples visiteurs. Plusieurs nationalités se croisent ici principalement des Espagnols, des Belges, des Italiens et des Français. Il sera alors rebaptisé « Gîte Maman Marguerite ».
Nous partons ensuite à Dapaong, et en profitons pour actualiser la page du site. Les femmes elles, les bras chargés des pagnes colorés achetés aux marchés courent à l’atelier de couture de l’association de Marie Stella pour ramener un peut d’Afrique à la maison. Au cours de notre séjour, que ce soit en achat, en service, en restauration ou en hébergement nous privilégions toujours les lieux gérés par les organismes qui à l’aide de leurs activités, dégagent des revenus destinés au fonctionnement de leurs actions caritatives. C’est notre ligne de conduite, le fil rouge de notre voyage.
Choisissant de reculer l’heure du repas de midi, nous partons visiter les familles de Douti puis d’Aïcha. Ces visites sont de courtes durées mais très intenses en émotions et en échanges. Les parents, dans l’impossibilité de rétribuer au juste prix le Centre pour les soins et services qu’il offre à leurs enfants, savent par l’intermédiaire de Parfait qu’en se substituant à eux financièrement à travers un parrainage nous permettons au centre d’investir et de poursuivre sa mission au profit des enfants vivant en situation de handicap.
Aujourd’hui le papa de Douti nous le rappellera par ces mots en Moba que Parfait nous traduit : « Grâce à vous cette journée est différente des autres. Je vous remercie vraiment de l’honneur que vous me faite d’être venu de si loin pour me visiter, je n’ai pas souvent l’occasion de me sentir important. En arrivant ici vous avez passé le voisinage et je pourrais leur dire que vous êtes venu pour mon enfant qui n’est pas comme les autres. Grand merci ». Les mots nous manquent alors mais les regards en disent long, le moment de « demander la route » arrive et les mains se serrent parfois même les corps s’étreignent. Comme à l’accoutumé le Chambbáa demande à l’épouse ou l’enfant d’aller chercher une volaille et nous l’offre en disant : « Chez nous le visiteur reste toujours manger, mais comme vous devez déjà partir je vous offre de quoi vous confectionner le repas, prenez soin de vous, que Dieu vous bénisse ». Nous repartons à pied vers nos véhicules bien souvent en silence, les mains se font signe « Au revoir ! ».
Ces gens authentiques nous rendent meilleurs.
Mardi 20
Ce matin nous commençons par la visite à Dapaong d’un atelier de tissage et de fabrique de savons. Nous y rencontrons deux jeunes filles en situation de handicap qui y suivent une formation. Ces jeunes filles ont été opérées et appareillées au centre qu’elles viennent de quitter après une longue rééducation. Le centre les aidera ensuite à trouver un emploi ou à s’installer.
Puis comme chaque année nous nous rendons à l’OCDI Caritas Togo et remettons à Georges MOUTOR son secrétaire général, deux pleines valises de lunettes d’occasion, environ 1.500 cette année. Elles seront calibrées, enregistrées, pour bénéficier aux plus démunis. Nous visitons ensuite l’atelier Optique bien nommé « Route de lumière » de César Boukonti à l’hôpital de DAPAONG qui les reconditionnent et les adaptent pour les patients nécessiteux.
A ce stade du séjour, Éric qui semble intransigeant en matière d’alignement vient de redresser son trentième cadre avec une précision implacable. Il est tenace et ne lâche rien en ce domaine ! Nous avons applaudit chaleureusement ce score et ne manquerons pas de vous informer de l’évolution de ses performances.
En fin de matinée le besoin d’une boisson très fraîche se fait sentir, nos guides Adam et Parfait connaissent ce qu’il convient d’appeler les points d’eau. Pour les hommes c’est souvent une bière Pils, Lager, Flag, ou Awooyo conditionnée ici en 65cl et vendue entre 650 et 800 Francs CFA soit à peine plus d’ 1 €.
Puis nous repartons dans la savane rendre visite à deux nouvelles familles puis à Nadjoundi nous visitons un centre de santé tenu par des religieuses de la congrégation des « Filles Missionnaires de Marie » La responsable, d’origine Polonaise, est ici depuis 15 ans et sa mission est colossale. Force est de constater et saluer ici le travail de toutes ces religieuses et religieux très investis dans ce pays. Ils renoncent aux petits plaisirs de la vie pour le bonheur de servir l’autre.
En chemin nous découvrons des écoles de construction très fragiles comme sur cette photo. Adam nous explique que dans les lieux reculés le gouvernement se désintéresse de l’éducation et que ce sont les parents qui y pourvoient. Les familles se cotisent pour dédommager un enseignant dit « volontaire » c’est souvent celui du village qui sait le mieux lire et écrire. Lui-même paysan, pratiquant une culture de subsistance, Il lui arrive en échange d’emmener les écoliers au champ pour rattraper son retard de travail.
La notion de pays en voie de développement concerne essentiellement la capitale Lomé et les grosses agglomérations telles que Kara, Sokodé, Kpalimé, Dapaong etc. et les campagnes lointaines me semblent délaissées.
Nous parcourons de nombreux kilomètres et traversons de grandes étendus ou l’on voit très loin, des savanes, des cultures, beaucoup d’arbres et pourtant il y a toujours une présence humaine, une maman qui va au puits, quelques enfants sur le chemin d’une école, un berger Peulh et son troupeau.
Nous avons fait le choix désormais de faire notre circuit journalier en une fois et de rentrer manger tard, vers 15h00 parfois pour profiter de l’ombre l’après midi. Souvent le groupe se sépare et chacun va selon ses inspirations, soit profiter des enfants, soit rencontrer des personnels, soit prendre des photos ou flâner pour provoquer des rencontres…
Mercredi 21
Madeleine, la femme de Dieudonné, secrétaire du Centre nous convie à découvrir la fabrication du Tchapalo, une boisson traditionnelle artisanale locale. Dans le sud du Pays elle est nommée Dolo, vers le centre TchoucTchouc. C’est une boisson alcoolisée obtenue par la fermentation de pousses de mil ou de sorgo préalablement chauffées dans de grandes marmites puis filtrée. Ensuite la fermentation rapide lui donne un petit goût acidulé et un léger pétillant. Cette bière locale travaille encore dans l’estomac une fois bu. Pour nous occidentaux il convient de consommer progressivement cette boisson qui peut avoir des effets inconfortables sur nos intestins aseptisés. On trouve des vendeuses de Tchapalo un peu partout dans les villages, après les journées de travail aux champs les hommes se retrouvent près d’elles pour finir la journée, c’est aussi la boisson des fêtes. Tout le monde se prêtera à la dégustation même James qui en grand amateur de bière pourra dire plus tard à ses arrières petits enfants « j’en ai bu ».
Nous participons ensuite à une rencontre programmée avec l’ensemble du personnel. Une réunion informelle d’échange et de partage ou chacun s’exprime sur sa profession, ses difficultés, son implication au sein de l’établissement ou de son service que ce soit ici ou chez nous en France, que ce soit Chantal, Marie Paule et Claude à travers la pédo-psychiatrie, et encore plus Eric et Lucile au sein d’un établissement d’hébergement pour adultes handicapés. Le travail effectué ici avec un évident manque de moyen force l’admiration. Chacun fait de son mieux en outrepassant ses compétences par la force des choses. Une assistante médicale fait office de médecin, un laborantin déménage son matériel dès que le bloc opératoire est occupé par les missions Espagnoles. Chez les petits, les agents d’entretient aident aux toilettes des enfants et le responsable de menuiserie ne dispose que d’outillage manuel vétuste. De notre coté nous pesons nos mots et avons par respect ou par pudeur beaucoup de difficulté à verbaliser les moyens dont nous disposons. De leur coté ils expriment leurs difficultés et leurs manques de moyen sans détour mais sans reproche ni esprit de revendication. Pour faciliter l’expression de son personnel, le directeur du centre Alain Kini avait fait le choix de ne pas participer à cette réunion. Il y aurait tant à faire pour aider ici et nous sommes dans la seule et unique structure pour handicapés du Pays.
Une grande surprise attendait Marie Paule en soirée, Maxime le responsable de l’atelier soudure avait prénommée en son honneur Marie Paule sa dernière fille née en novembre dernier après notre dernier voyage et souhaitait nous la présenter ainsi que son épouse ce soir autour d’un verre au maquis proche. Présent avant eux, un violent orage éclate alors et nous doutons de les voir dans ces conditions météorologiques la moto arrive transportant sous une bâche plastique père, mère, enfant et même un poulet grillé pour agrémenter le moment. Marie-Paule prend Marie-Paule sur ses genoux, Maxime nous présente Odile sa femme, la pluie cesse, il fait plus frais et on sent l’odeur de la terre humide. Odile qui vend sur le marché son pain nous invite à découvrir chez elle sa méthode de fabrication et sa cuisson au four… nous irons ! Comment ne pas aimer l’Afrique !
Jeudi 22
Aujourd’hui nous rendons visite aux élèves des établissements scolaires de Bombouaka dans le but de leur remettre les livres offerts par deux établissements de la Vendée.
Le Lycée-Collège tout d’abord, un établissement de 1512 élèves précisément pour l’année 2015-2016 encadrés par 26 professeurs dont 9 enseignants volontaires. L’an passé nous y avions financé trois rampes pour personnes à mobilité réduite puisque l’établissement accueille les enfants du centre Don Orione. L’école primaire ayant été équipée en 2013.
Nous remettons à son proviseur Yao MONKOUNTI qui nous accueille les 960 livres qui nous ont été donnés par le Lycée Jean de Lattre de Tassigny à La Roche-sur-Yon. Ce sont des livres réformés mais en excellent état composés de 3 séries de Français et de Mathématiques du niveau seconde à terminale.
Nous faisons part au proviseur de la proposition d’ Emmanuelle Mouclier (Gestionnaire) et Dominique Charrier (Conseiller principal d’éducation) du Lycée Jean de Lattre de Tassigny, de se mettre en lien direct pour effectuer des échanges entre les deux établissements. Yao MONKOUNTI et son censeur y sont très favorables et enthousiastes.
Deux surnoms sont attribués dans la matinée à nos voyageurs. Bombouak’dioak Pour Eric qui signifie « l’homme de Bombouaka » et Yendoubé pour Lucile qui signifie en Moba « Dieu est là ».
Nous nous rendons également à l’école primaire « Notre Dame de la Paix » ou sont également scolarisés les enfants du centre. Innocent LARE son directeur nous connaît bien depuis quelques années. C’est à mes yeux un homme très doux, très gentil, dévoué et passionné par sa mission éducative. Nous lui remettons plusieurs cartons de livres scolaires du niveau primaire principalement des documents de lecture donnés à l’association par l’école primaire Pierre Perret de La Chaize le Vicomte.
Dans la photo du bas sont dissimulées les trois mascottes que les enfants de l’école primaire Sainte Anne d’Apremont 85 nous ont données dans le but de les faire voyager. Cherchez-les !
En soirée à l’occasion du repas nous faisons la connaissance d’un nouveau parmi le personnel, un frère prénommé Gilbert qui arrive du Burkina, de Ouagadougou précisément.
Vendredi 23
Une des plus belles journées du séjour alliant splendeur du paysage, culture et tradition.
Dès le matin nous nous rendons à Dabogou chez la famille de Tampo Ulyette un enfant de 13 ans accueilli au centre Don Orione depuis 2013. La route est longue et compliquée, en temps normal Parfait y vient seul en moto et ce sera la première fois que lui et Adam s’y rendent en véhicule. A plusieurs reprises nous mettrons pieds à terre pour alléger la Toyota et en augmenter la garde au sol. Adam maitrise au mieux et lorsque la piste ne l’inspire pas, alors il en invente une en passant dans les herbes hautes de la brousse. Nous nommerons ces morceaux d’itinéraire « les déviations Adam » provoquant des éclats de rires.
Plus nous avançons péniblement plus nous sommes récompensés par un paysage somptueux. La famille habite au pied de la montagne du village de Pligou. La végétation est verdoyante en cette fin de saison des pluies, les arbres nombreux et immenses, principalement des rôniers et des Kapokiers, les rochers sont brunâtres, le tout sous un soleil éclatant. Nous devons laisser le véhicule et faire le dernier kilomètre en marchant, je regrette devoir regarder mes pieds pour sécuriser mes pas tant mon regard se trouve attiré par ce magnifique spectacle. Nous sommes accueillis très chaleureusement par la grand-mère qui manifeste à notre vue un enthousiasme et une joie qui ameute le reste de la famille, la sœur, la tante, la mère, l’oncle, les neveux et nièces puis le père qui se trouvait au champ voisin. L’habitation composée de cases reliées par des murets et très bien tenue, au sol des tapis de légumes colorés sèchent au soleil. Tous se prêtent au jeu de la photo la grand-mère allant jusqu’à prendre des poses ménagères tel que trier ses légumes dans des calebasses. C’est la dernière visite en famille et elle restera la plus belle. Comme à chacun de ces moments intenses, le temps passe vite et le père et les enfants nous raccompagnent jusqu’au véhicule avec les deux poules offertes pour la circonstance. En chemin nous réalisons qu’un enfant handicapé comme Ulyette ne pourrait vivre et s’épanouir dans un tel environnement inadapté. Pour le ramener et le reconduire au Centre au moment des vacances son père marche durant sept heures en coupant à travers la colline. Il se sert du vélo qu’il pousse à pied pour porter son fils, parfois il porte seulement l’enfant et revient seul chercher le vélo pour ce qui est des passages les plus accidentés… Respect !
Visite à Nayéga
Depuis mon engagement au sein du Rotary Club International j’ai eu à connaître André LORSIGNOL de Fleurus en Belgique. Son engagement dans la région, les projets humanitaires qu’il y mène toujours à bien et son attachement au village de Nayéga avait éveillé ma curiosité et incité à mettre ce village sur notre planning de séjour. Alain Kini en avait informé comme le veut la coutume le chef traditionnel du Canton qui a tenu à nous recevoir chez lui en la présence de ses conseillers, chefs de villages et d’une cinquantaine de villageois tous assis en grand cercle sous les arbres.
A un moment donné de la sympathique réunion ou chacun se présente et fait la connaissance de l’autre Jacques Name TCHOUGLI le chef canton prends un ton solennel et à notre très grande surprise nous nous retrouvons avec une coiffe sur la tête et symboliquement propriétaire d’un coin d’Afrique. Ainsi Eric devient sous-chef du village de Natouogou, il est nommé « Douti », Claude se trouve promu du titre de sous-chef du village de Nayéga-centre avec le nom officiel de « Totib Nayéga », enfin James est promu sous-chef du village de Komongou et devient « Nhama ». Les femmes sont nommées Reines et reçoivent une belle parure en artisanale en bois.
Nous sommes accueillis ensuite dans son vestibule officiel avec son épouse et quelques conseillés, nous y partagerons une bonne bière fraiche salvatrice. L’ayant interrogé sur les rôles et prérogatives des Chefs canton et Chefs de village, pour nous répondre au mieux, en quelques minute avec la complicité de villageois il met en place un tribunal et une parodie de jugement pour nous expliquer les différentes étapes du règlement des conflits dans les villages. En cas d’échec les protagonistes peuvent aller vers les juridictions d’états mais n’y vont guère puisqu’elles sont payantes et trop chers pour eux. Je souligne ici le coté officiel certe, mais aussi bon enfant de ce genre de cérémonie qui veut avant tout que l’on se sente chez nous parmi eux. Au moment du départ Jacques Name TCHOUGLI ne nous donnera que « la demi-route » précisant qu’un peu de chacun de nous restera ici.
Entre femmes !
A notre retour au Centre, plus précisément au « Foyer Maman Marguerite » nous avons l’agréable surprise d’être accueilli par des chants et des danses rythmés par les tambours. Une réunion d’échange entre femmes était prévue depuis la première organisée l’an passée. Pascaline qui la préside a créé la surprise en invitant ses amies à nous recevoir en musique, un à un nous entrons dans la danse même si notre déhanché dépareille de celui de nos hôtesses. Lucile qui était resté au Centre pour la journée nous rejoint puis les femmes Africaines de AFLA-TAN (Association des Femmes Leaders de Tandjouaré) et celles de l’association YovoTogo se retrouvent sous l’apatame pour leur temps d’échange.
Cette association a pour but d’aider des femmes en difficultés par des petits prêts permettant aux bénéficiaires de démarrer une petite activité lucrative avec le soutient de l’équipe. Cette douzaine de femmes volontaires aident ainsi deux femmes chaque mois par des prêts de 12.000 Fcfa soit 18,29 €, le prêt est à un taux de 2%. L’association ne connait pratiquement pas d’échec.
Après cette réunion qui sera reconduite l’année prochaine, elles nous offrent un repas composé de la pâte de maïs accompagnée de mouton en sauce et de Tchapalo.
Etonnante région des Savanes !
Samedi 24
« Faire don de soit au Monde »
Rendez vous avec les jeunes de la formation jardinage animée par Raoul SAMBIANI du CRETFP de Dapaong (Centre Régional de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle). Raoul est un voisin du Centre et dispense ses formations bénévolement, principalement le samedi matin.
Aujourd’hui malgré quelques absents 16 jeunes assistent à la réalisation d’une pépinière dans laquelle sera mis à germer des oignons, du combo, du poivron, du piment et des carottes. Tout comme les formations menuiseries, élevage et soudure le jardinage est un axe important puisque l’activité profite au fonctionnement du centre en même temps qu’il offre un savoir aux enfants qui se destinent au travail manuel. Cette activité à été rendu possible par la mise en place de trois grandes citernes de récupération d’eau de pluie financées par le Groupe Peuples Solidaires de LE MANS / LA SUZE. Nous recueillons des informations et effectuons un reportage photo et vidéo sur cette matinée en vue d’en faire retour à ce groupe dont les membres sont dans l’impossibilité de se déplacer pour mesurer l’impact de leur aide.
Nous rendons ensuite visite à la famille de Nannipo et la rencontrons puisque la fillette depuis le suicide de son père reste vivre avec sa mère tout en fréquentant l’école voisine et en bénéficiant du suivi du Centre. La maman souffre d’une infection grave et complexe au niveau d’une cheville depuis 5 ans et le papa, acculé par la dureté de la vie et les problèmes de santé de la famille à mis fin à ses jours en février dernier en absorbant des herbicides. Nous constatons que la famille remonte la pente, Nannipo et sa sœur sont plus souriantes. Comme d’habitude la maman qui se souvient de notre passage l’an passé est très honorée de l’attention que nous leur portons. Nannipo est parrainée et sa marraine lui a apporté un soutient supplémentaire destiné à son entretien.
La journée s’achèvera par une petite fête organisée à notre intention par les adolescents, histoires drôles, sketches et danses au programme, mais on parle déjà d’au revoir ! Lundi nous reprenons la route pour Lomé, puis pour le sud-Bénin avant de rentrer en France.
Dimanche 25
Encore une visite à une des deux salles informatique et à la bibliothèque. Les jeunes se prêtent volontiers à une photo. Avec Adam nous prenons ensuite le chemin de Sissekl où il doit dire une messe. Comme d’accoutumé la cérémonie est haute en couleur, en chants au rythme des tambours et Djembé. Nous resterons quand à nous sous un apatame avec des Mamans et leurs fillettes dont nous nous feront les complices. Ensuite nous nous rendons à Bogou partager la table du Père Gaston. Un homme jovial et dynamique, plein d’humour s’identifiant comme « un curé de brousse » doué d’une faculté hors du commun à mettre les gens à l’aise. Nous retrouvons « Batoul » un chien tout blanc qui venait de naitre lors de notre visite de l’an passé puis alors qu’un groupe part pour visiter les grottes de Nok et sa centaine de greniers à flanc d’une falaise surplombant la plaine de Nano d’autres connaissant déjà ce lieu rentrent sur Bombouaka pour des premiers au revoir. Les enfants verbalisent de la tristesse, Cécile la cuisinière, la sœur Nico nous étreignent et les yeux rougissent puis Yobé et Madeleine son épouse nous font la surprise d’une dernière visite et passent nous saluer. Nous nous trouvons au maquis d’en face lorsque qu’un orage éclate lâchant des trombes d’eau sur Bombouaka et faisant chuter du coup la température de plusieurs degrés.
Puis c’est l’heure du repas à la fin duquel chacun ira de son mot et de son appréciation sur ce séjour avec beaucoup d’émotion. Un séjour au Centre Don Orione pour enfants en situation de handicap à Bombouaka est un voyage pas comme les autres qui ne peut pas ne pas laisser de souvenirs immortels en chacun de nous. Ce que nous avons partagés ici a été si intense et le contraste avec notre quotidien (que nous avons d’ailleurs oublié) si fort.
Ici un grand, un énorme merci à tous ! Je ne citerais personne pour ne pas oublier quelqu’un. Nous apportons il est vrai un soutient moral et financier à cette structure unique au Togo mais en échange nous venons y cueillir des fruits d’humanité, de solidarité et de partage qui nous rendent meilleurs… Merci à tous ceux qui ont croisé notre chemin, merci les enfants pour vos leçons permanentes de courage et de volonté.
Le départ demain matin est fixé à 5h00 et nous devrons rejoindre Lomé dans la journée pour une petite escapade au sud bénin
Lundi 26
Bye-bye Bombouaka
Jean baptiste se lève très tôt pour nous, à 4h00 la table pour notre petit déjeuner est dressée ensuite, comme à l’aller notre groupe se scindera en deux, les uns en car les autres dans le véhicule d’Alain qui partie de Bombouaka à 5h00 arrivera à Lomé à 16h00 après, avec une seule pause à Atakpamé pour le repas.
Arrivée dans la capitale l’urgence est à trouver un dentiste car Alain traine depuis quelques jours une rage de dent qui lui devient insupportable. Ces praticiens sont rares dans le pays et après trois appels téléphoniques il obtient une consultation immédiate émanant bien sur « de la Divine Providence ». En disant cela je plaisante et je ne plaisante pas. Ceux qui ont eu l’occasion privilégiée de venir dans ce pays savent que Dieu est partout, sur les panneaux de toutes les boutiques, dans la majeur partie des salutations, dans tous les vœux amicaux et « que Dieu te garde, grâce à Dieu, si Dieu le veut, merci à Dieu » sont des mots qui rythment nos journée à une différence près qu’ici la croyance unie plus qu’elle ne divise.
Cette pénurie de dentiste nous fait prendre conscience que tous ces kilos de bonbons sucrés que nous apportons chaque années et qui font la joie de tant d’enfants sont autant de bombes à retardement pour leur hygiène dentaire. L’an prochain nous pourrions trouver un compromis en achetant sur les marchés autant de friandises élaborées à bases de produit naturels locaux, à méditer…
Nous repassons la nuit dans le lieu d’hébergement de la Providence St Paul un lieu accueillant et reposant.
Mardi 27
Journée compliquée il va falloir composer !
Aujourd’hui rendez vous au Consulat du Bénin à Lomé pour récupérer nos passeports estampillés du visa tant attendu. La secrétaire du Consul renouvelle ses excuses, consciente que le manque d’information fiable a désorganisé la planification de notre séjour. Nous sommes désormais en possession de sa carte de visite personnelle et elle nous invite en réparation à la contacter personnellement si nous devions un jour renouveler la démarche.
Félicien, dont nous avions fait connaissance par internet nous attends comme convenu à la frontière pour nous guider à travers les quelques sites que nous voulons faire découvrir à Chantal, Lucile, James et Eric, Marie Paule et moi-même y sommes venus déjà à deux reprises il y a 4 et 5 ans.
Il est convenu qu’ici rien n’est conforme à nos réalités occidentales … Rien ! et organiser un séjour voir une journée reste un exercice d’équilibriste que nous réussissons grâce à Alain qui est désormais le trait d’union entre nos deux cultures.
Nous prenons en charge Félicien qui, ayant une panne de moto est venue à la frontière en taxi-brousse. Compressant d’autant notre espace vital puisque de 7 passagers réglementaires nous passerons à 8. Autre difficulté de taille est que localement la notion « temps-distance » est inexistante et dans l’enthousiasme de nous faire visiter son orphelinat délaissé, à travers nos échanges, il se contentait de dire, « ce n’est pas loin, c’est facile, ça va aller, pas de problème » des mots habituels ici en Afrique. En réalité 150 Kilomètres de routes en mauvais état et de pistes sont rajouté à notre fatigue accumulée.
Une fois arrivé ce que nous découvrirons aura raison de nos petits bobos. 75 jeunes enfants confiés à 4 hommes (voir photo) sous le régime d’une association de bénévole. Nous sommes accueillis par des enfants souriant qui nous entonnent un chant de bienvenue puis nous visitons les lieux dans le silence stupéfait par les moyens inexistants. Félicien l’infirmier nous invite dans son espace qui se résume à ce que vous découvrez sur la photo. Regarder, écouter, accepter et que faire d’autre ?
Félicien je sais que tu liras ces lignes et j’en profite pour te dire à toi et à tes collaborateurs de l’orphelinat St Salomon de Klouékanné au Bénin, que vous êtes des magiciens de la vie des êtres de l’ombre que j’ai envie de mettre ici en lumière.
Nous partons sans tarder ayant pris la décision de rejoindre Cotonou ce soir pour être demain dès l’aube à proximité de nos lieux de visite rattrapant ainsi la déconvenue. Après avoir pris un rapide repas que Cécile, l’épouse de Félicien nous avait préparé accompagné d’une excellent bière très fraiche Alain à repris le volant pour 180 Kilomètres de tape cul réussissant du même coup le tour de force de nous trouver parmi ses relations un lieux d’hébergement que nous rejoindrons vers 22h00 guidé par un traditionnel « Z man » (appellation locale de moto taxi) qui remplacent ici les panneaux indicateurs et sont les GPS locaux.
Lâcher prise, acceptation, confiance, bonne humeur sont les maitres mots, comme ils disent ici : « ça va aller… » Résister à ce qui est c’est souffrir inutilement. Nous sommes tous constamment confronté à cet exercice et nous connaitrons tous, un jour, le dernier instant qui nous révèlera immanquablement que tout ce que nous aurons vécu n’était en fait qu’une aventure, une histoire personnelle dans laquelle l’autre n’était là que pour aider à l’expérimentation et l’amélioration de son « soi ».
Alors à quoi bon rejeter l’instant présent tel qu’il soit ? Apporter au monde n’est il pas mieux que tout attendre de lui ?
Loin de tous les artifices de notre modernité accès sur la consommation outrancière voir maladive c’est ici en Afrique que Marie Paule et moi venons réviser annuellement nos plus belles leçons de vie !
L’occident a des moyens, l’Afrique a des raisons, j’aimerais participer à lui donner les moyens d’avoir raison.
Vis-à-vis du Togo, le Bénin nous parait à quelques égards en avance. Les infrastructures routières, l’organisation de la circulation dans la capitale, le traitement des déchets, les commerces mais il reste évident que ces destinations ne figurent pas dans les catalogues des agences de voyages, cela fait de nous des voyageurs privilégier.
Demain est un autre jour…
Mercredi 28
Journée tourisme et culture
Ce matin après une bonne nuit réparatrice passée dans les chambres confortables nous allons embarquer en pirogue sur le Lac Nokoué. Une étendue d’eau saumâtre immense située entre Cotonou et la mer. Ce lieu est surnommé « la Venise Africaine » puisqu’il est le lieu de vie de plus de 35.000 habitants d’une citée lacustre principale nommée GANVIER et de 42 autres petits villages lacustres. L’origine de ce lieu remonte à 1717, époque ou le Roi d’Abomey s’octroyait le droit de vie ou de mort sur son peuple. Son obsession était d’augmenter constamment son pouvoir, son royaume et sa richesse. A titre d’exemple anecdotique il lui arrivait couramment de confier un casse-tête à un messager pour qu’il lui ramène un sujet désobéissant mort ou vif, en cas d’échec de la mission ce messager avait lui-même la tête fracassée. Ce roi vendait son peuple et celui des royaumes des alentours aux esclavagistes contre des épices, bijoux, parfums, étoffes etc.
C’est dans ce contexte que des populations sont venues se réfugier sur l’eau pour mieux se protéger et se servir du milieu aquatique comme système de défense pour survivre. Ils y sont resté, ils s’y sont développé et ont adopté de génération en génération ce mode de vie incapable de rejoindre de toute façon la terre dont ils avaient été dépossédés de tout bien. Le nom GANVIER signifie « nous sommes sauvés ».
Une visite ensuite au Temple des Pythons à Ouidah, dans la spiritualité vaudou locale le Python est sacré depuis la nuit des temps. Y sont présents des autels de sacrifices dont le guide nous donne un résumé des usages traditionnels. En clôture il nous présente les deux plus gros pythons qu’il nous propose de porter autour du coup pour la photo souvenir à laquelle nous nous prêterons tour à tour. Les nombreux cris de Lucile ameuterons les personnels de l’accueil mais laisserons de marbre ces animaux bien inoffensifs. Ensuite nous rentrons tous dans la case ou se trouvent plusieurs dizaines de reptiles de tous âges.
Pour finir nous parcourons sans guide cette fois l’itinéraire nommé « la route des esclaves » allant de la place des enchères, la fosse commune ou ceux jugés trop faible pour faire le voyage étaient jetés, plusieurs arbres à rituels ou les esclaves étaient censé ne plus opposer de résistance jusqu’à « la porte du non retour » une arche érigée en mémorial sur la plage même ou avait lieu jadis les embarquements pour les Amériques. En fait ici le discours vis-à-vis de l’esclavage est clair « S’il n’y avait pas eu d’offre il n’y aurait pas eu de demande »
Jeudi 29
Félicitations les jeunes !
Fin de notre escapade au Bénin, nous quittons Cotonou et après deux heures de route passons la frontière aux alentours de midi pour arriver à Lomé vers 13h00. Félicien est resté avec nous profitant de l’opportunité pour visiter deux membres de sa famille résidant la ville. Nous partageons un dernier verre avant de le quitter. Nous le retrouverons sur FB.
Pour le repas Alain nous dirige au restaurant de la plage situé dans l’Université de Lomé, fréquenté par sept des adolescents en situation d’handicap toujours suivi par le Centre Don Orione mais l’ayant quitté pour poursuivre leurs études. Ils sont à eux même l’exemple de la réussite des pratiques d’insertion sociale menées à Bombouaka.
Disposant d’un temps libre et très agréablement surpris de notre visite, Boniface qui se trouve en seconde année de langue Allemande nous rejoint pour partager notre repas. C’est une occasion d’échanger avec lui sur ses choix d’études et ses projets. Comme tous les adolescents du Centre, c’est un garçon mature, ouvert et très sympathique.
Fréquentent également l’Université : Raphaël en Master Philosophie, André en Doctorat de sociologie, Alex en 1ère année de lettre moderne, Samson en 1ère année de chimie, Odette en 1ère année Histoire Géographie et Aoufabié en année de licence Finance Economique.
Je précise ici, que d’autres jeunes fréquentent également d’autres grandes écoles sur le territoire togolais et que dans les écoles primaires et secondaires les enfants de Bombouaka sont majoritairement en tête de classement scolaire.
Pour moi, Président de l’Association YovoTogo cela conforte si besoin était une phrase que je prononce souvent : « Soutenir le Centre de Bombouaka, c’est aider tous les enfants handicapés Togolais », nous élargissons également notre soutient aux établissements scolaires du village et des alentours qui en ont grand besoin par l’intermédiaire du Centre car ses bienfaits doivent être bénéfiques à tous. Comme le dit justement mon ami Arsène Tindame du Rotary International : « C’est comme poser un glaçon au centre d’une table, en fondant il mouillera toute la surface ».
D’ailleurs le Centre Don Orione s’est anoblie du qualificatif reconnu de Centre Médico-social Éducatif.
vendredi 30 octobre
Dernière journée du voyage, ce matin Jonas nous livre des ananas, des Papayes des avocats qui vont refaire le poids pour les valises du retour. A 10h00 nous déposons et enregistrons nos bagages et le restant de la journée est consacré à du repos, peut être un peu de promenade dans l’après midi puis après le dernier repas avec Alain nous embarquerons vers 22h00.
Le voyage Solidaire 2015 touche à sa fin. Nous repartons avec de nouveaux amis dans le coeur et déjà imaginons le voyage 2016.